De la discontinuité spatiale à la cohérence urbaine morphologique : le réseau viaire comme support, les sciences de la complexité comme outil. Cas de Tlemcen et de quatre villes algériennes

Abstract

La discontinuité spatiale est une forme d’urbanisation qui caractérise les villes contemporaines, en particulier les villes algériennes. Caractérisée par une interruption du tissu urbain et des vides au sein des agglomérations, elle est l’une des formes du phénomène plus global d’étalement urbain. Ce dernier étant vu comme dispendieux et non durable, une grande partie de la recherche en urbanisme se focalise sur la recherche d’alternatives plus durables, ainsi que sur une meilleure compréhension de la complexité des formes urbaines actuelles. Dans ce contexte, nous examinons la notion originale de cohérence urbaine, reconnue comme une propriété essentielle à une forme urbaine durable et vertueuse. Il ressort de l’examen de la littérature que la cohérence urbaine s’articule autour de deux enjeux majeurs. D’abord celui de la proximité, autour duquel s’articule la nécessité de rapprocher les lieux d’emploi et de résidence à travers une mixité fonctionnelle. Ensuite l’enjeu de consistance de la forme urbaine, autour duquel s’articule une forme urbaine physique plus connective et perméable aux flux. Cette approche regroupe les théories holistiques de la ville, reconnaissant la ville comme un système riche et complexe. Cette seconde partie de la littérature fonde la cohérence urbaine morphologique, que nous choisissons d’explorer plus en profondeur. Nous fondons notre examen sur les sciences de la complexité appliquées au champ des études urbaines, notamment l’étude des réseaux complexes et des distributions en loi de puissance. Nous proposons alors une évaluation de la cohérence urbaine morphologique à travers le réseau viaire basée sur trois volets : la fractalité du réseau viaire et sa correspondance avec une loi de puissance inverse, la connectivité du réseau primaire et l’artérialité du réseau viaire dans son ensemble. Nous appliquons le protocole d’évaluation à cinq villes algériennes de taille moyenne. Il ressort de cette étude que toutes les villes étudiées sont dotées d’une certaine cohérence urbaine dans l’absolu, due à une structuration interne similaire. Cependant, d’un point de vue relatif, il existe des différences notables visibles à travers la comparaison des villes entre elles. En outre, les indicateurs choisis pour évaluer la cohérence urbaine présentent une certaine régularité pour une même ville, ce qui conforte la pertinence du choix de ces derniers. Enfin, l’examen plus approfondi de Tlemcen révèle une cohérence urbaine morphologique moins marquée à l’échelle intraurbaine par rapport à l’échelle de l’agglomération.