Recherche et caractérisation des résidus d’antibiotiques dans les différents types de lait consommés dans la wilaya de Tlemcen

Abstract

Le lait est un aliment de large consommation en Algérie. L’usage anarchique des antibiotiques en médecine vétérinaire dans un but thérapeutique ou préventif chez les vaches laitières peut être à l’origine de la présence de leurs résidus dans le lait. Dans le but de la recherche et la caractérisation des principales familles d’antibiotiques retrouvées dans les différents types de lait commercialisés dans la wilaya de Tlemcen et l’évaluation des pratiques d’élevage bovin laitier en Algérie, nous avons réalisé une étude descriptive transversale expérimentale sur 152 échantillons de lait de différents types collectés au niveau de la wilaya durant la période d’Octobre 2021 jusqu'au Mai 2022. Nous avons aussi réalisé deux études descriptives transversales l’une auprès de 62 vétérinaires praticiens algériens et l’autre auprès de 37 éleveurs exerçant dans la région de Naama. Les résidus d’antibiotiques ont été recherchés par le test d’inhibition microbiologique Delvotest T® et la caractérisation de leurs familles a été faite par le test immunologique SNAP duo ST Plus®. L’enquête réalisée auprès des vétérinaires et des éleveurs a été faite à travers un questionnaire. Nos résultats montrent que 49 % des échantillons de lait analysés ont été contaminés par des antibiotiques et que 50 % parmi eux contiennent des bêtalactamines, 1 % des tétracyclines, 3 % une association des bêtalactamines et des tétracyclines et 46 % d’autres antibiotiques. Le lait pasteurisé était le plus associé à cette contamination (P = 0,005 < 0,05). Nous avons aussi trouvé que 98 % des vétérinaires enquêtés utilisent les antibiotiques à titre curatif d’une façon fréquente et 34 % les utilisent fréquemment à titre préventif. 38 % précisent que les éleveurs ne respectent pas le délai d’attente, 18 % ne respectent pas la dose indiquée dans la notice de l’antibiotique. D’autre part, l’enquête des éleveurs a montré que 70 % des éleveurs réalisent le suivi de l’état de santé de l’animal par eux-mêmes et 46 % utilisent les antibiotiques comme facteurs de croissance dans l’alimentation de leurs bétails. Nous avons aussi trouvé que les éleveurs qui ont subi une formation en santé animale utilisent plus les antibiotiques comme facteurs de croissance que ceux qui ne l’ont pas subi (P = 0,002 < 0,05). Ces résultats rejoignent ce qui a été retrouvé dans plusieurs études réalisées en Algérie dans le même contexte. En conclusion, le taux de contamination par les antibiotiques dans cette région est considérable, expliqué par un vide dans la réglementation algérienne qui n’exige pas la recherche systématique de ces contaminants dans le lait.